From Dark City to Light City. Écosophie des architectones
Patrick Curran
Enseignant, chercheur, artiste - Groupe @Prospective (UP6, Paris 8), Université de Paris 8
Cette exploration engagée par Patrick Curran à l'issue d'une mission à Montréal, où Nicolas Reeves et Jean Jacques Lemetre se rencontrent, aura été l'occasion pour les membres du groupe @Prospective de partager les problématiques techniques et esthétiques aux carrefours de plusieurs disciplines et d'évaluer les stratégies des unes et des autres dans un partage créatif. La conjonction de l'Autostéréorelief (Pierre Allio) et de Scol (Sylvain Huet) aura marqué cette étape, qui se prolongera en 2002 par E(X/S)O(PE)RA.
Émergeant hors lieu et hors temps, le terrassement dallé de Doncieux, simplifié, mais conservant son dessin quadripolaire, étend ses jetées vers les horizons d’une invisible " rose des vents ". Chacune apporte la découverte progressive des portions d’univers qui y sont rattachées. Les tables d’orientation sont des sphères intégrant en images réfléchies, ce qui n’est pas encore visible, mais dont l’univers audio musical indique la proximité, puis le seuil.
La matière, la couleur et l’éclairement de plages constitutives pourront changer à chaque franchissement significatif, comme l’on déplace un projecteur dans la nuit. Les ellipses seront rythmées de la sorte, comme si chaque " passage " se réalisait dans un hyperespace plutôt que dans une topographie continue. La S.F. abonde en tels moyens de communication (im)matérielle, où la téléportation est aussi bien celle d’un avatar holographique, qu’un corps reconnu comme tel par la réalité du toucher.
La signalétique disposée au sein de ces espaces est davantage emblématique, un signe, qu’une information. Au fur et à mesure de la progression au sein de ce labyrinthe, le passage de " Dark city " à " Light City " pourrait être suggéré par la variance et la fréquence de ces signes culturels comme naturels : alentour les pousses végétales, la présence de l’eau et de la lumière feront prendre conscience d'un environnement qui s'humanise.
Je ne détaillerai pas ici, par écrit, cette progression, avec la prééminence initiale de la ligne sur la courbe, le cheminement dans le labyrinthe, évoluant progressivement vers les Mandalas. Doncieux, de Nicolas Reeves, a le potentiel de (re)susciter ce colossal et écrasant héritage au sein duquel nous prélevons les matériaux " mentaux " de Dark City. Les réordonnancer au profit de " Light City " implique d'accepter les émotions comme " fondatrices de la raison ".