Le développement de l’image numérique et ses applications

" De la maquette virtuelle à la réalisation matérielle du modèle "

Élisabeth Mortamais

Enseignante, chercheur - Groupe @Prospective (UP6, Paris 8), École d'Architecture Paris La Villette, UP6

" …Il y a encore quelques années, lorsque l’architecte dessinait le projet d’une maison par exemple, avec les outils traditionnels : équerres, règles, crayons, s’il voulait présenter son projet de façon attrayante pour son client, il devait dessiner plusieurs perspectives, indépendamment de ses plans et de ses façades, qui sont les vecteurs de transmission habituels notamment pour un chiffrage et une exécution.

Les dessins perspectifs qu’il exécutait devaient illustrer au mieux le projet, sans pourtant pouvoir être exhaustifs. D’autre part, ils étaient tributaires de points de vue choisis, donc limités et statiques.

Aujourd’hui, les données du projet sont mémorisées dans l’ordinateur, et peuvent être présentées de multiples manières par l’intermédiaire de l’écran : en plans, coupes et élévations pour l’exécution ; elles peuvent également être " traduites " en quantité d’éléments ou de matière dans les documents destinés aux entreprises pour établir des coûts.

Mais les mêmes données numérisées peuvent être activées dans l’ordinateur de manière à ce que l’on puisse aussi " visiter " le projet. (...)

La perception du projet n’est plus tributaire d’un ou de quelques points de vue, ou d’une trajectoire linéaire (dans l’espace ou - et - dans le temps, comme avec le cinéma qui est la forme d’expression artistique la plus authentique de la modernité). Elle s’exerce librement, selon une diversité d’expression qui peut tout à fait inclure les perceptions précédentes (statique, en mouvement linéaire …).

Le numérique (pré-robotique) mémorise un possible, des représentations potentielles à activer, là où l’analogique " fige " une représentation. Un objet " calculé " et numériquement enregistré sera mis à jour de multiples façons.

Les pixels de l’écran peuvent tour à tour exprimer le plein ou le vide, une couleur ou une autre, une droite ou une courbe, une matière ou une autre, une échelle ou une autre.

Le corps s’introduit dans la gestion de l’information numérisée et plonge littéralement au cœur des représentations choisies. L’image devient hétéromorphe. Chaque représentation est l’immédiat, le palpable, le possible. C’est le " peut être " (un " être " potentiel, multiples, passé présent et futur -toujours différent)"

Instrumentable par le robot matériel ou l'avatar virtuel, ce mi-lieu sera surtout exprimé, illustré, par les projections sur l'avenir d'architectes diplômables ...